Juliette Piedevache
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Je Vous Parle/mes origines/Collège Jean Vilar

   

Je Vous Parle

Classe de 3è 6 du collège Jean Vilar à La Courneuve

Ce projet pourrait s’intituler de bien des manières : Je vous parle de moi et des miens, Je vous parle de ma famille, Je vous parle de mes origines, Je vous parle contre le racisme et l’antisémitisme. Loin des clichés, les textes recueillis rendent compte de la parole libre des élèves d’une classe de 3ème à La Courneuve. La parole d’élèves en confiance avec leur professeure de français qui leur transmet son goût pour la tolérance, l’écrit, l’esprit critique, « le poids et la mesure » et la compréhension de l’autre.

Le dispositif du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Jeunes contre le racisme et l’antisémitisme, a permis à la compagnie Galène Productions de travailler avec la classe de 3ème de Mme. Lardreau au collège Jean Vilar de La Courneuve. Ce dispositif est structuré autour de la création artistique et de la sensibilisation des jeunes au racisme et à l’antisémitisme. Il est piloté par l’Observatoire Départemental des Discriminations et de l’Egalité (ODDE).

Il ressort de nos échanges à bâtons rompus avec les élèves, qu’ils ou elles ne se nomment pas toujours « victimes de racisme ou de propos racistes ». Et c’est qu’ils se sentent protégés par leur famille, leur communauté, leur banlieue. Ils désignent Paris comme un endroit où cette exposition nocive les affecte autrement. La capitale, territoire pourtant voisin, est celui où les jeunes adolescents se sentent scrutés, jugés sur leur couleur de peau ou leur tenue vestimentaire. Et la dichotomie que les adolescents éprouvent sur des territoires si proches nous pose question : faut-il se réjouir du fait que les élèves se sentent « protégés » dans leur quartier ? Est-ce que cela ne rend pas compte de la disparition de la mixité sociale dans nos banlieues ? Notre société se fragmentent-elle entre territoires enclavés et territoires de « classes dominantes » ? Où peut s’éprouver l’altérité, la friction entre les cultures et leurs différences, la capacité à se tolérer réciproquement pour fabriquer du « vivre-ensemble » ? Il semble que ces témoignages parlent d’un tissage interculturel qui se produit entre les populations arrivées ces dernières années, sans pour autant se mélanger avec une immigration ancienne de plusieurs générations. La cohésion sociale et le métissage socio-culturel produit par le mélange des différentes vagues migratoires depuis la fin de la seconde guerre mondiale dans notre pays font pourtant la force de la République et de ses valeurs. Ils sont le meilleur rempart contre les extrêmes intolérants.

Je Vous Parle est une action créée en 2018 dans la compagnie Galène Productions pour toucher un public de femmes apprenant le français dans des ateliers sociolinguistiques de la ville de Saint-Ouen. Elle a également été portée par la compagnie à Saint-Denis, notamment dans la rencontre de femmes de l’accueil de jour de l’Amicale du Nid. Les récits recueillis ont le plus souvent porté sur le parcours migratoire des femmes. Ils parlent également de la très grande pauvreté qui afflige des personnes déjà violemment heurtées par la vie dans leur pays d’origine ou au cours du voyage vers l’Europe.

Dans l’action portée pour le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, deux intervenants de la compagnie sont allés à la rencontre des élèves de la classe de 3ème de Mme. Lardreau à Jean Vilar pour recueillir des récits familiaux, des récits des origines. Ils leur ont proposé d’aller questionner les parents ou les grands-parents pour savoir d’où ils viennent… dans l’idée de faire connaître et reconnaître cette part de soi, cette altérité, pour accepter son identité multiple, multiculturelle, et donc aussi française.

Le sentiment de légitimité passe par la compréhension que sa propre identité est faite de multiplicité, de contradictions et de différences. L’identité est le produit de notre histoire personnelle, de celle des nôtres, inscrite dans un contexte plus général qui la refaçonne, sans annihiler les origines. Connaitre son histoire familiale permet peut-être de s’accepter mieux ici et maintenant. Le pays dans lequel nous vivons est peuplé de français qui viennent d’ailleurs. Parfois les enfants croient devoir faire un choix : se ranger derrière une origine ou une autre. L’un des objectifs de cette action est de comprendre qu’il n’y a pas d’opposition à être d’ici et d’ailleurs. Cela est valable pour soi, mais aussi pour les autres. L’exercice nous permet d’appliquer la tolérance pour nous-même, pour les nôtres mais aussi pour les autres.

La conduite de l’atelier d’écriture a été menée par Juliette Piedevache et la prise de son ainsi que la création de podcasts avec les textes et les voix des élèves ont été réalisées par Mathias Belhacene. Au cours des ateliers d’écriture, les élèves ont bénéficié d’une approche historique de l’esclavage et du commerce triangulaire qui selon les historiens est la matrice du racisme « anti-noir », ainsi que d’une histoire de l’antisémitisme. Les notions d’altérité, de tolérance, de différences, ont été étudiées. Le racisme n’est pas seulement le fait de l’autre, chacun de nous peut l’éprouver ; et le parcours mené avec les élèves nous a permis, nous l’espérons, d’identifier quelques uns des mécanismes de pensée qui conduisent au racisme. L’identité des élèves est volontairement protégée, pour la plupart, ils n’ont pas souhaité que l’on sache quel(s) texte(s) ils avai(en)t écrit(s).

J.

 

Les podcasts 

1 – Ahmed, mon père – A.

 

 

2 – Mariam Diabaté – le 140 – D.

 

 

3 – The Internet – F.

 

 

 4 – Témoignage d’un fait de racisme subi – M.

 

 

 5 – Témoignage sur le racisme – D.

 

 

6 – La Calebasse – D.

 

 

7 – Je me souviens – S.

 

 

8 – Le Parcours de mon père depuis le Bengladesh – N.

 

 

9 – Le Turban sikh – K.

 

 

10 – Ma Grand-mère – K.

 

 

11 – La Famille s’est agrandie-  A.

 

 

12 – Entre Mali et France – M.