Juliette Piedevache
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Je Vous Parle

Je Vous Parle est une action menée par Galène Productions en 2018/19 auprès d’un public de femmes apprenant le français dans des « ateliers socio-linguistiques » dispensés par les bénévoles d’associations de Saint-Ouen. La plupart des ateliers se tiennent dans les deux maisons de quartier de la ville mais aussi dans des écoles élémentaires comme c’est le cas à Emile Zola.

Le projet a été imaginé pour permettre à des femmes de participer à un atelier d’écriture et de produire un récit de vie, une autofiction. Mais le niveau de français des apprenantes n’étaient pas suffisant pour qu’elles soient autonomes et qu’elles se sentent libres à l’écrit. Au contraire, les femmes en difficulté pour écrire perdaient complètement la parole et ne savaient plus quoi dire ou raconter.

L’intervenante du projet, Juliette Piedevache, a fréquenté pendant 8 semaines, les différents ateliers qui ont accepté sa présence. En rendez-vous individuels et pendant que se déroulait la classe dans une salle voisine, elle a rencontré ces femmes. Elles lui ont assez fait confiance pour répondre à son invitation et composer un texte avec elle. Cette invitation a même rencontré le désir ardent de prendre la parole. Nombreuses sont les femmes qui ont pleinement saisi l’occasion de se raconter, comme si elles sortaient d’un long silence contraint.

Tous les textes ont été recueillis sous la dictée des femmes. Ces textes sont ce qu’elles ont voulu dire d’elles-même pour que ce soit écrit. Il ne s’agit pas d’interviews ni d’entretiens, mais de textes pensés et construits par ces femmes, puis écrits par une main qui s’est prêtée à l’exercice. Les rencontres n’ont pas été enregistrées et la main scripteuse a imposé son rythme au discours en construction de femmes parfois balbutiantes mais bataillant pour se dire.

Le 16 mars 2019, une lecture publique de ces textes a été donnée à la Serre Pédagogique du Grand parc à St. Ouen. Les textes ont été lus par Frédérique Bruyas, Virginie Darmon, Odja Llorca et Juliette Piedevache. Derrière les lectrices se tenaient assises une douzaine de femmes qui avaient participé au projet. Sans se sentir la force de porter leur propre texte, elles ont tout de même voulu accompagner les lectrices sur scène. D’autres de ces femmes écrivantes étaient également présentes dans la salle.

36 femmes ont ainsi écrit leur texte, leur parcours. Elles ont souhaité que leur anonymat soit préservé. Ci-dessous, vous trouverez quelques uns de ces textes lus par celle qui les a recueillis. Ce sont des enregistrements à voix nue, qui tentent de porter la voix de ces femmes qu’habituellement on entend si peu. Il n’y a pas d’autre trace publique de ces textes  (en-dehors d’une vidéo-à-lire dont vous trouverez le lien en bas de page).

Cette page a pour objectif de faire exister les textes.  


 

F. de Syrie : « Je suis née en Syrie, dans la capitale, Damas, dans la maison de mes parents. (…) Je suis née en 1959 dans une ville très jolie et très calme … » Ainsi commence le texte de F. qui a traversé deux guerres.

durée : 6 min.

 

G. d’Égypte :  « … J’ai une grande fille en Égypte aussi, ça c’est dur … » L’exil, c’est aussi le morcèlement de la famille, y compris parfois du noyau familial. Quel déchirement de laisser l’un de ses enfants ! Quel bonheur de retrouver des perspectives d’avenir, grâce à l’école,  pour les enfants qui ont suivi leurs parents en France !

durée : 2 min. 24  

 

M. d’Égypte : « Je suis mariée et j’ai deux sœurs et un frère … » Comment se douter de ce que M. a dû traverser avant de pouvoir commencer ainsi son texte ?…

durée : 3 min. 

 

I. d’Égypte : « J’ai besoin de faire quelque chose en France, c’est difficile pour moi, parce que je ne parle pas bien le français. » I. enseignait les mathématiques dans son pays.

durée : 58 s. 

 

B. d’Inde : B. est une femme qui malgré les difficultés, rit en permanence.

durée : 3 min. 28 

 

Je Vous Parle - Lecture Spectacle

   

F. du Maroc : F. raconte son mariage forcé il y a plus de 40 ans au Maroc, son divorce aussi …  et puis … tout le reste.

durée : 5 min. 43   

H. du Maroc : « Au Maroc, je n’ai pas grandi avec ma famille. J’ai grandi avec ma famille juive … » H. a été au service d’une famille depuis très jeune. C’est ce « travail » qui l’a conduite en France.

durée : 3 min. 

 

L. du Maroc : « Je veux commencer avec ma naissance … » Ainsi débute le texte de L., une femme heureuse d’être en France avec son fils auprès de son mari. Le mariage a été arrangé. Elle est arrivée en France grâce au regroupement familial.

durée : 5 min.

 

H. du Maroc  : Pour H. la santé publique au Maroc n’a pas bien pris en charge son bébé asthmatique. H. est reconnaissante et heureuse d’être en France parce que grâce aux soins prodigués par les médecins français, le petit ne suit plus aucun traitement.

durée : 2 min. 12    

G de Mauritanie : G parle de l’école, de la famille et de la polygamie en Mauritanie.

durée : 2 min. 55 

 

Je suis née à Tunis, dans une petite maison, j’ai deux frères et trois sœurs dans un grand village très beau. J’ai grandi avec ma maman et mon papa et me suis mariée.

Je suis née au Maroc à Agadir dans la maison de mes parents. Je suis née en 1984, dans une famille avec deux frères et deux sœurs. J’ai passé une vie merveilleuse, et je suis mariée au Maroc depuis quatre ans.

Je suis née au Maroc à Casablanca, à la maison, avec mère et père. J’ai habité dans une grande maison.

Je suis née en Inde à Mumbai. Je suis née dans un village.

Je suis née en Gambie dans la maison de mes grands-parents. Une petite ville de Gambie, Essara. J’ai trois petites sœurs et trois petits frères. J’ai grandi avec mes grands-parents. Ma mère est venue en France en 1997 et mon père depuis quatre ans.

 

N. des Comores : « Aux Comores, je vivais avec ma grand-mère, il y avait des oncles et des tantes. Ma maman est venue en France quand j’étais petite. »

durée : 1 min. 14  

 

N. d’Algérie : « J’aime beaucoup la France, parce que la santé : bien ! Et surtout les droits pour les femmes. (…) Quand j’étais petite, je voyais mon père un mois par an. »

durée : 1 min. 16  

 

K. du Cambodge : « Je suis en France depuis 41 ans. (…) Ils me donnent pas la nationalité française … »

durée : 2 min. 03  

 

D. de Colombie : « Je suis venue en France pour sauver ma vie et protéger mes enfants. »

durée : 3 min. 14

   

A. de Moldavie : « Dans ma  tête c’est sans arrêt : Je suis restée 3 ans avec ma petite fille à la maison, et maintenant elle a avancé. Elle est en maternelle, mon mari travaille, et moi, je suis toute seule à la maison. »

durée : 1 min. 42    

Lecture publique du 16 mars 2019 pour la journée des droits des femmes à la Serre Pédagogique du Grand parc à Saint-Ouen.

Photos P. Raynaud

 

L. S. du Pérou : « Ma maman m’a raconté que je née à la maison et qu’après, elle m’a emmenée à l’hôpital. Mais je sais pas si c’est vrai, comme tout le monde rigole, je dis que je suis née à l’hôpital pas à la maison. »

durée : 3 min. 54    

S. d’Ukraine : « En Ukraine, une pièce c’est 50 m2. En France, deux pièces, c’est 32 m2 avec une toute petite cuisine. »

durée : 1 min. 36  

Z. d’Ukraine : « En Ukraine, j’avais deux travails. J’allais au travail à 6h, je travaillais jusqu’à 15h. Après, je commençais mon deuxième travail à 17h jusqu’à 2h du matin. »

durée : 1 min. 08  

I. du Togo : « Si tu veux aller à l’école, tu paies ton écolage. »

durée : 1 min. 12    

P. d’Espagne : P. est la doyenne de toutes ces femmes.

durée : 1 min. 30

   

 

Je suis pas allée à l’école. C’est difficile, tout doucement, j’apprends. Maintenant mes yeux sont ouverts. Avant, je faisais que m’occuper des enfants, j’allais pas à l’école.

Avant, c’est comme si j’avais des lunettes de soleil à la maison.

 

 

E. du Maroc : « C’est le regroupement familial. Il y a beaucoup de de gens comme ça. Avant les gens faisaient pas le regroupement familial. Ils travaillaient ici, la femme et les enfants là-bas. (…) Les femmes restent là-bas, elles travaillent beaucoup … »

durée : 1 min. 50    

F. du Maroc : F. raconte toute une vie pleine de ressources face à l’adversité.

durée : 5 min. 27    

Y. du Maroc : « Le moment où mon mari est mort, j’avais l’impression d’avoir une épaule en moins. »

durée : 2 min. 15  


Un « film-à-lire » est disponible ci-dessous :

Ce film-à-lire a été réalisé pour une diffusion sur grand écran, et pour permettre une « installation ». En effet, la lecture sur grand écran produit un effet d’immersion dans une matière texte-émotion, notamment parce que le texte se déroule à un rythme lent. Le dispositif complet de l’installation est constitué de cette vidéo,  d’une trentaine d’affiches en format A3 (avec quelques textes ou extraits de textes),  de photos prises lors de la lecture du 16 mars 2019  ainsi que d’un temps de lecture publique par une ou plusieurs comédiennes. L’installation complète a eu lieu le 16 mars 2019 (sans les photos…), et elle peut se reproduire.

 


Remerciements

Cette action a pu se dérouler grâce aux enseignants qui ont ouvert la porte de leur classe : Henri, Jean-Robert et Smaïl (association Actif), Catherine, Marie-Jo et Linda (Association Fafadi), Ibrahima (SFMAD), Malika (bénévole à la Maison de quartier Pasteur), Céline et Virginie (école élémentaire Emile Zola).

L’action a été menée dans les quartiers prioritaires de la ville (QPV) et subventionnée par la Politique de la ville.

La journée du 16 mars a été organisée par les services de la ville de Saint-Ouen et en particulier par la Mission Droits des femmes.

Merci aux maisons de quartier et à leurs équipes qui accueillent les actions de Galène Productions.

Et surtout merci aux auteures :  Pili, Samira, Hanane, Shirin, Rachida, Niouma, Essaadia, Elsa Leonor, Rabia, Besma, Yanna, Feryal, Zoriana, Edith, Svitlania, Adriana, Iman, Isabelle, Salima, Bahdja, Fatima, Fatima, Essaadia, Natacha, Nadia, Kimbouy, Nouara, Halima, Basanti, Linda, Gahlya, Mary, Doralba, Nacera, Luz Silvia, Gehan.

 


contact : galene.productions@gmail.com